Les rps rock des manches endiablés

Ouais alors l'autre soir, j'étais en loge aprés un concert t'vois.
Comme d'hab du bien gras, du bien suant, quelques gnons par ci par là, je fouette le roadie avec mon micro pour amuser la galerie, bref 20 minutes assez intenses, avant que la sécurité arrête le concert quand ça a tourné en pugilat aprés avoir déboité quelques dents à un creteux qui s'approchait un peu trop de ma bouche.

Donc ouais, un peu de speed, le whisky pour faire glisser et là y a ce mec bizarre tout en noir qui débarque.
"Bonsoir jeune homme j'aime beaucoup ce que vous faites".
"euh c'est cool mec, mais je préfère les filles passe voir mon agent".

Tu parles, mon agent l'est surement raide défoncé dans les chiottes, je l'ai vu courir aprés une petite minette surement même pas majeure, et comme d'hab nous fera le coup du spleen de l'incompris romantique, alors que c'est juste un gros pervers qui passe son temps à se chercher une excuse pour s'en foutre dans les veines.

'fin, bref le gus me regarde interloqué, genre aristo dandy qu'aime pas qu'on le toise de haut vu qu'il a dépensé une fortune dans ses talons.
Et là me sort un porte cigarette.

"Vous pouvez m'appeller le corbeau, j'ai gérer beaucoup de groupes à succés vous savez".

Ouah le con ça se la joue prince des carpathes en plus, va pour un second trait, j'aurais l'air vachement attentif du coup...

"et veux quoi la queue de pie ?"

"J'ai une proposition à vous faire :
S'agirait de monter une chorale pour un concert caritatif, du genre dans un stade avec pleins de stars du showbizz dans votre genre, et puis on verserait des recettes, et vous aurez un cachet".

"genre, we are the world, let's fuck the children ?" j'fais
"t'as capté que je fais plutôt dans le style dégommage de ménagère et que je suis plus doué pour vomir sur scène que pour chier des bisounours à pleins tubes ?"

"On essaye de rassembler tout les horizons possibles, genre polyphonie avec 40 chanteurs différentes"

"Poly quoi ? J't' préviens j'aime pas les trucs dans les veines, je gobe, je sniffe où j'inhale, mais quand je vois du sang je suis comme qui dirait phobique"

"Je disais donc avant que vous m'interromppiez aussi peu gracieusement, un concert polyphonique, 40 chanteurs autour de quelques chansons, si vous voulez en écrire une pour la cause"
Là j'm'énerve

"t'veux en sentir une de cause ? j'milite vachement bien pour la défenestration des pompes à fric dans ton genre ! du style médaille d'or de l'ouverture de tiroir caisse à coup de grole !"
j'le saisit par le collet et là je vois un éclair de lucidité, genre paniqué l'gars, l'vampire l'a vu un crucifix l'en péterait presque une veine l'pâlichon.

"Zaurez toute la drogue que vous voudrez ! Et des filles aussi !"

"j'pourrais choisir l'nom du groupe, les chanteurs ? j'en connais un rayon niveau musée de la gueule à en faire vomir les vendeurs de crème hydratante !"

"oui, oui, oui, mais lâchez moi, vous êtes en train de froissez ma chemise là !"

J'l'ai envoyé boulet dans un coin puis m'en suis retourné butiner la tite blonde qui se réveillait en jurant avoir volé au dessus du mont rushmore
"mééééééouaaaaais chééérrri j'te jure y avait même churchill plus vréééé k'nature !"
"Mais j'te crois, et t'as montré son gros cigare j'imagine ce vieux cochon !"

Haargnold

BAM BAM BAM.
0h46. Quel est le con qui peut bien frapper à la porte à cette heure là ?
Krousti se lève, va ouvrir et tombe nez à nez avec, de son point de vue, un jeune homme dégueulasse complètement arraché.
- J’ai pas d’argent, dit-il avant de refermer la porte.
BAAAAAAAAAAAAAAM !
La porte manque de sortir de ses gonds alors que l’autre retape comme un malade.
Krousti réouvre et s’apprête à engueuler le mec quand celui-ci le prend par le col de sa chemise – une putain de chemise achetée en même temps que son costard tout neuf – et lui dit :
- J’suis envoyé par le Corbeau.
L’infecté se raidit. Là, fallait pas déconner.
Sans invitation, l’inconnu entre et se pose – s’affale – dans le canapé.
- Putain c’est naze chez toi.
OK. Il est défoncé, on va dire qu’il ne sait pas ce qu’il dit.
- C’est propre, rangé. T’as vraiment été une pute de collectionneur un jour toi ? On voit plus rien ressortir à part l’ordre ici.
- Ouais. J’me suis rangé.
- Gerbant.
Un silence. Krousti tente d’en savoir plus :
- Et sinon, t’es là pour… ?
- Ah ouais ! Le Corbeau j’te disais. Cet emplumé m’a chargé d’organiser un concert poly… putain j’sais plus. Un truc avec de la drogue et des meufs. Alors moi je récupère les gonzes et je m’occupe de l’administratif, et toi tu me gères tout ça. J’t’ai trouvé quelqu’un pour t’aider dans le business. T’as pas du sky ? j’aime pas trop parler.
C’est quoi ce bordel ?
- Euh. Vous me demandez d’organiser une orgie ?
- Putain t’es à moitié con toi. Moi je rassemble, j’invite, je te trouve les 40 mecs les plus déjantés de la ville tu vois, et toi ben, t’organises tout ça une fois sur place. Moi je pourrai pas, j’serai trop déchiré.
- Mouais, vous savez je connais un très bon architecte pour ce genre de situation.
- L’armurier maqué avec son partenaire de chasse ?
- Euh, ouais.
- Je connais.
Nouveau silence.
- Hum. Et donc ?
- C’est un connard.
Je suppose que ça veut dire qu’il en veut pas.
- Bon, ta proposition à l’air euh… alléchante, mais qu’est-ce que j’y gagne ?
- De la drogue et des meufs, j’te l’ai déjà dit. Et un putain de concert où on pourra écraser les tafioles, défoncer les clebs ou pogoter les CRS. Replonge mec, en plus ce costard te va pas, t’as l’air d’un pingouin.
Pour un manchot, ça fait mal ça.
- Allez c’est décidé (mais j’ai rien décidé moi !), j’t’engage, tu vas changer ces fringues de pédales et j’te présente à ton associée. Par contre celle là, t’y touches pas, pigé l’handicapé ?

Kroustillon

Devant le panneau de la ville, Selac se passe la main sur sa crête bleutée. Une étape de plus dans un périple sans fin, une terre dévastée.

Mais du bruit. De la musique à défoncer les tympans d'un éléphant d'Afrique. De la défonce à faire halluciner des aveugles. Des filles (et des mecs, égalité des droits oblige) à tel point que si Gargantua avait pensé à autre chose qu'aux victuailles, il aurait établi domicile ici.
- ça se tente, pensa-t-il, relevant d'un coup d'épaule son baluchon élimé, ballotant au bout d'un misérable bambou.
Au loin, avant même de reprendre sa marche, il reconnut de vieilles connaissances. Il sentit une main féline lui taper sur l'épaule.
- Tu ne crois pas si bien dire, lui souffla Sebbreack.
Son yukulélé électrique sur le dos, il prit les devants.
- Au fait, dit-il, si tu trouves une pile, garde-là pour la musique : ça adoucit les meurtres.

Selac

On ne pourra pas dire que les fouines ne font pas les choses dans l'ordre. Révolue la période disco, on range ses semelles compensées et ses motifs à fleur pour un style plus brut, plus épicé, sans pour autant oublier le cuir qui reste leur matière préférée. Un peu dépaysant, mais Nebuleuse en a vu d'autres. Une fouine s'adapte à toute les situations.

Elle n'avait qu'à suivre les croassements du corbeau, enfin c'est ce qu'on lui avait dit.
- Là bas tu trouveras le type que tu cherches, mais ne le juges pas trop vite, au fond il n'a rien de vicieux. Il est même plutôt quelqu'un de gentil. Il aime sa maman.

Marchant d'un pas assuré comme à son habitude, sa pelle sur l'épaule, elle lorgne avec curiosité les tentes recouvertes d'appel à l'anarchie. La jeune femme croise des têtes connues, des moins connues, des nouvelles, mais surtout des moches en fait. Les cris insupportables du volatile la conduisent vers un taudis d'où sort une

une musique qui donne envie de tabasser du bichon à trois pattes.


Le corbeau la lorgne. On pourrait presque prendre ça pour un défi.

Nebuleuse pousse donc la porte qui émet un horrible grincement à cause du bois trop sec. L'intérieur est sombre, elle aperçoit juste deux chaises, une table, avec quelques liasses de billet sur cette dernière. Au fond de la pièce, la fouineuse voit une ombre remuer, et entend le -clic- du bouton d'une radio k7. La musique s'éteint, laissant place à quelques secondes de silence perplexe.

- Bonjour jeune fille. Tu viens répondre à l'appel ?
- Oui, répond t-elle sans hésiter. Je signe où ?

L'inconnu sort de l'ombre. Un drôle d'énergumène aux cheveux colorés, avec la peau percée à maintes reprises, sentant l'alcool et le tabac. Il s'assoit sur une des chaises et fait signe à la jeune fille de l'imiter. Elle s'exécute après avoir posé sa pelle à côté d'elle et se retrouve donc assise en face de lui, de l'autre côté de la table.

- Pas de papier, ça reviendrait à se torcher avec les plans et les écrits. Va juste fumer le calumet de la paix avec les autres et tu seras des nôtres. Néglige leur autorité de suce-boules, rejette leur morale bidon, fout l'anarchie et détruit tes valeurs, cause le plus de chaos et de destruction possible, mais ne les laisses pas te prendre vivante.
- Hein ?
- Pose pas de questions, va fumer et c'est tout.
- Ah, ok. Eh dites, c'est quoi ce petit tas de farine sur la table ?
- Pas touche, c'est ma came.
- Oh. Bon bah je ne vais pas vous déranger plus longtemps,.

Nebuleuse se relève, plutôt sceptique de la nature du truc qu'elle va devoir fumer. Elle a juste le temps d’apercevoir le drôle de type enrouler un des billets pour sniffer sa came avant de quitter le taudis.

Cette ville s'annonçait rock 'n'roll.

Nebuleuse

La vie vous entraîne parfois vers des situations inattendues. Certains les recherchent activement, d'autres préfèrent rester chez eux avec la sécurité qui va avec.
Il y avait une rumeur qui s'ébruitait. Un groupe de fous en manque de sensations fortes se rassemblait. C'était des fouineurs. Pas des personnes qui fouillent dans la vie des gens, non non. Des fouineurs, des héros, des sauvages sous acides qui te retournent le désert en deux temps trois mouvements. A regroupement inattendu, énergumènes inattendus.

GoPex était là, perché sur son pommier de l'outre-monde. Un mec plutôt chouette, dans tous les sens du terme. Il avait passé la matinée à balancer des pommes sur les gens en hululant comme un taré. Les petites pilules rouges et bleues qu'il avait acheté au black faisaient des merveilles.
Position inconfortable s'il en est, il était temps de bouger.

- Bon ou est-ce que je dois aller... EYH ! TOI ! C'EST OU LA ROCK&PUNKPARTY ?
- Il faut aller parler au "Corbeau", tu le reconnaitras assez facilement à son teint blafard et son visage émacié.

Un autre volatil, j'sens que j'vais me plaire ici.

Des dizaines de personnes se pressaient pour avoir une place dans l'événement, l'excitation était palpable. La pelle à la main, GoPex savait que rien ne pouvait lui échapper.

- Salut la Volaille ! S'toi le corbak ? Parait que ta fête va déchirer et j'veux en être. Ma pelle est lustrée et j'ai pas froid aux yeux.

D'abord dubitatif, le Corbak réfléchissait, il en avait marre de tous ces hurluberlu qui débarquaient mais celui-ci avait quelque chose de différent avec son sourire narquois et son regard perçant.

- Ok j'te laisse ta chance, ne me fais pas regretter mon choix. Tiens, comme a dit Vladimir de la Gondole : "Fume, ceci est mon essence vitale".

Le corbeau et le hibou étaient finalement tous deux autant à l'ouest qu'il était possible, ces propos n'avaient aucun sens. GoPex tira donc une bonne grosse taffe avant de continuer sa route.

Des fouines creusaient de toute part, l'alcool et la drogue passaient de main en main, la musique faisait pulser le sang dans ses veines.

Cette aventure s’annonçait épique. GoPex regarda sa vieille montre.
Minuit... l'heure d'une autre pilule colorée.

Gopex